Carnet artistique et pédagogique
La pièce est constituée de seulement deux personnages, Émile et Angèle, et il peut être envisageable de proposer aux enfants de dresser leur portrait.
Pour motiver les élèves dans ce travail, on peut leur demander, dans un premier temps, de dessiner les personnages selon comment ils et elles les imaginent en leur demandant de justifier à chaque fois (un travail qui peut se réaliser seul comme en groupe et en classe entière).
Dans cet exercice sur les personnages, on peut aussi en profiter pour analyser de manière plus détaillée les différents mensonges formulés par les deux protagonistes. En effet, que ce soit au sujet du frère et de la sœur de l’un et de l’autre ou la mort du poisson rouge d’Angèle, (pour reprendre les deux exemples principaux) les deux protagonistes donnent des informations contradictoires. Ce qui a pour effet qu’il est impossible de distinguer le vrai du faux. On peut demander aux enfants, après qu’ils aient relevé ces différents mensonges, ce que cela révèle sur la psyché des deux personnages et sur leur rapport avec le monde et les personnes qui les entourent. Ce que le mensonge traduit des doutes et inquiétudes des personnages, en somme.
Le rapport que les deux enfants entretiennent l’un avec l’autre est assez fluctuant tout au long de la pièce.
Pour analyser cette complicité étrange que les deux enfants nourrissent, on peut tracer au tableau un axe vertical, représentant le degré de complicité, et un axe horizontal, représentant le temps de la pièce. On y tracerait une courbe qui serait plus ou moins basse selon le degré de complicité des deux protagonistes à un instant T de la pièce. Il ne faudra pas oublier de demander aux élèves de justifier à chaque fois leurs réponses et ainsi nommer ce qui permet aux deux protagonistes de se rapprocher ou au contraire de s’éloigner. Comment, finalement, font-ils pour s’apprivoiser l’un l’autre ?
Émile et Angèle, Correspondances est une œuvre dramaturgique qui pourrait très bien s’inscrire dans une séquence consacrée à la comédie. En effet, plusieurs fois, le texte se révèle drôle, notamment dans les remarques parfois décalées d’Angèle (“Il y a des Anges au Québec ? Ici, en France, j’en ai jamais vu, pourtant j’ai souvent vu des hérissons” (p. 8)) ou dans le comportement parfois étrange d’Émile. On peut demander d’ailleurs aux élèves de relever les phrases d’Angèle qui leur semble en décalage et en profiter pour expliciter avec eux et elles le concept du comique par l’absurde. On peut ainsi, à partir de cette pièce, expliquer les principaux procédés humoristiques connus.
Ainsi pour expliciter le comique de caractère, on peut s’appuyer sur le comportement étrange de la tante d’Émile, par exemple et insister aussi sur son phrasé d’anglophone québécoise qui peut faire sourire (p. 36). Pour le comique de situation sur le fax qui reste dans la main d’Angèle après envoie et dont elle se demande ce qu’elle peut bien en faire (p. 24-25). En ce qui concerne le comique de mot, les exemples sont nombreux. On peut ainsi identifier certaines phrases ou certains passages qui ont particulièrement amusé les enfants pour les analyser afin qu’ils saisissent comment les mots peuvent parfois faire rire. On peut notamment avoir une attention particulière au fax 2, p. 26-27, d’Émile car il raconte une histoire assez grotesque (terme que l’on peut expliciter avec les enfants) qu’il rythme à grands coups d’onomatopées. Il y a donc ici un amusant jeu sur les sonorités que l’on peut analyser dans le cadre d’une étude sur l’humour.