On commencera cette recherche de mise en jeu, comme un costumier ou scénographe, par l’inventaire de tous les passages de didascalies où l’auteur propose une scénographie de L’Arbre puis on lira la postface d’Yves Lebeau qui autorise d’autres figurations. Après avoir répertorié tous les éléments utiles au jeu : ramure qui doit bouger sous les vents, l’orage, l’Enfant qui doit rentrer dans sa blessure etc. on fera le choix de représenter L’Arbre :
- en théâtre d’ombres : un ou deux montreurs d’ombres (un sur les épaules de l’autre démultipliant l’Acteur Arbre, qui parlerait devant l’écran ou le drap blanc) (voir La fabrique de théâtre et les propositions et références proposées par Marie Bernanoce dans le carnet consacré au Journal de grosse patate de Dominique Richard, sur ce même site).
- en théâtre d’objets : plusieurs interprètes ou le chœur de L’Arbre en seraient par moments les manipulateurs, faisant bouger les branches (bandes de tissu, papier, guidés par des bâtons ? éléments sonores ?), jouant de leur souffle pour figurer en même temps les vents etc. (Ibid). Vrai choix esthétique amenant une recherche plastique plutôt que le traditionnel arbre en carton.
- « Et s’il n’y a besoin de rien et que l’imaginaire suffit, c’est encore mieux » Yves Lebeau.
On imagine la force théâtrale qu’aurait la seule présence d’un comédien puissant (pour donner idée, citer un comédien connu comme G. Depardieu). Ce choix esthétique serait justifié par le rôle de père de substitution joué par L’Arbre (voir dernière réplique p. 75 et le chapitre Deux personnages Le Sage et le Farouche). Cependant, L’Arbre joué par des élèves face à leurs camarades jouant L’Enfant n’aura pas la même présence dans l’imaginaire du spectateur, d’où notre proposition de costume. (En faire prendre conscience aux élèves, c’est travailler la question de l’effet de la représentation).
À rechercher en groupes et exprimer ou non par le dessin et la peinture.
On rappellera d’abord qu’au théâtre, on ne reproduit pas la réalité, qu’on la transpose, la donne seulement à imaginer et que notre Arbre est un personnage double, végétal et humain ; que le costume ne doit pas gêner le jeu, les mouvements de l’acteur.
On pourrait fournir une multiplicité d’échantillons de tissu (matières couleurs différentes, dont certaines inappropriées) que les élèves agraferont à leur éventuel dessin, à la manière des costumiers ; on leur suggérera de chercher des matériaux à ajouter.
Suggestion, mais les élèves trouveront peut-être d’autres solutions : de grands et vieux manteaux de récupération, plus longs que la taille des acteurs. Poids, longueur, matière, figureraient la double image du vieil Arbre, végétal et humain (le manteau présentant l’avantage de pouvoir s’ouvrir pour emprisonner L’Enfant.).
Ajouter de petites branches symboliques, sortant d’un bonnet ou cousus aux épaules du manteau, des feuilles au sol et sur le manteau ? Etc.
On poursuivra là le travail de recherche figurant dans Mise en espace « Préparation à la lecture : le souffle et la voix »
- Pour trouver la sensation de l’équilibre/déséquilibre du corps en mouvement lorsque les pieds restent collés au sol, ce qui sera le cas pour L’Arbre, commencer par le jeu de la bouteille saoule par trois (veiller au sérieux des élèves en parade). De même, recherche de balancement latéral, en cercle.
- Amener les élèves répartis dans l’espace, à être L’Arbre uniquement avec sa tête ; ses épaules ; son buste ; ses bras. Y adjoindre une situation du texte : il est dérangé ; « vos gueules, les piafs » ; il s’impatiente ; il voit arriver la Robe, il sent venir le vent d’orage ; il subit la tempête etc. Puis former deux groupes, l’un regarde chacun redonner sa proposition, et inversement. Discussion des propositions.
- Même exercice en chœur groupé de 5 (toujours un groupe en regard) : cette fois, le coryphée propose des attitudes successives que les autres suivent (dans un premier temps toujours avec une seule partie du corps, puis en les mêlant mais gardant le corps fixe à partir de la taille) (la même attitude sera répétée plusieurs fois de manière à parvenir à un ensemble). Sélection des propositions (à essayer avec les manteaux ?)
Le jeu des bras et des épaules sera sans doute théâtral à certains moments d’agitation externe ou interne, quand L’Arbre est interprété par un chœur (un code s’ajoutant à un code) ; certainement plus « faux », interprété par un seul acteur (dans ce cas, le corps humain imposerait sa présence humaine).
Dans cette scène, comme dans l’ensemble de la pièce, L’Arbre présentera le plus souvent sa part humaine, on déterminera les moments où L’Arbre retrouvera son corps végétal (jeu / récit de la querelle des parents ? Sous le vent et l’orage)