Quels sont vos auteurs préférés ?
Je lis très peu de théâtre (ce n’est pas bien je sais !) mais lire ceux qui écrivent dans le même domaine que moi me paralyse. Je vais très peu au théâtre (ce n’est pas bien je sais !) pour la même raison. Je vais beaucoup au cinéma en revanche car je trouve le langage cinématographique proche de mon écriture. Je peux tout de même citer dans mes contemporains les écrivains Philippe Malone, Perrine Griselin, Lancelot Hamelin qui sont surtout des amis et des camarades de travail. Ensuite, je pourrais citer Bernard-Marie Koltès, Sonia Chambrietto, puis plus loin, Eugène Ionesco, Louis Calaferte. Mes romanciers préférés sont surtout américains : Hubert Selby Junior, John Kennedy Toole, Jonathan Franzen par exemple. J’aime aussi Tanguy Viel, John Fante, Marguerite Duras, John Steinbeck, Henri Bauchau… J’aime l’écriture de Mario Vargas Llosa même si je ne partage pas du tout sa pensée politique. J’aime aussi la bande dessinée avec un grand respect pour l’œuvre de Manu Larcenet notamment Le Combat ordinaire.
Vos héros / héroïnes de fiction ?
J’adore le personnage de Dexter dans la série américaine ainsi que les personnages de la série Six feet under. J’aime les séries en général mais celles qui utilisent les outils du cinéma. J’adore le personnage de Roberto Zucco dans la pièce de Bernard-Marie Koltès, sorte d’icône du beau bandit jusqu’au boutiste. J’adore le personnage de la fille dans Les Raisins de la colère, surtout pour la dernière page qui est certainement mon plus grand souvenir de lecture. J’adore le personnage du trentenaire dans Le Combat ordinaire sans doute parce qu’il fait effet miroir. J’aime Antigone et ce qu’elle symbolise (d’ailleurs, dans mes pièces jeune public, j’essaie toujours d’insuffler à mes personnages féminins l’énergie d’une Antigone). Au cinéma, je pense au personnage de l’homme dans La Graine et le Mulet, à la jeune fille dans Alice dans les villes de Win Wenders. En général, j’aime les personnages qui donnent un souffle de vie et de révolte, je pense notamment à Frida Kahlo, ou à la femme dans le film Respiro.
Quelle musique écoutez-vous ?
J’aime beaucoup beaucoup Thomas Fersen, Dominique A, énormément Noir désir, j’aime aussi Françoise Breut, et le groupe Beirut. J’ai beaucoup écouté de chanson française à texte (Bénabar par exemple) mais je me suis lassé du principe « trentenaire bobo ». Je me suis tourné vers le rock anglo-saxon assez tard mais je suis ravi d’avoir découvert Joy division par exemple. J’écoute toujours un peu les mêmes finalement, je ne suis pas très éclectique et fin connaisseur, je suis même ignorant en jazz et en musique classique. Quand j’étais jeune, j’étais fan de Jean Ferrat et des chansons révolutionnaires de Catherine Ribeiro. J’aime Juliette mais je ne l’écoute pas souvent, j’aime Arno aussi, le chanteur belge, et Tom Waits. J’ai aimé les Têtes raides, j’ai beaucoup de respect pour ce qu’ils sont mais je trouve que cela tourne un peu en rond. J’aime la chanteuse Lhasa aussi.
Quelle musique écoutiez-vous au moment d’écrire le texte ? Ou alors travaillez-vous dans le silence ?
Je n’ai pas de souvenirs précis de musique, je ne travaille pas en musique mais pas dans le silence au contraire, j’ai deux enfants ! Je peux écrire en surveillant la cuisson du poulet, répondre à mon fils qui me pose une question et consoler ma fille qui est tombée. J’aime écrire le matin mais je n’ai pas de rituel, je m’adapte au rythme de la vie de famille et de toutes les contingences de la vie d’écrivain. Peut-être deux chansons me reviennent à l’esprit : j’ai longtemps hésité à les mettre dans le texte d’ailleurs : Que c’est beau la vie de Jean Ferrat et Les Écorchés vifs de Noir désir.
Quels sont vos peintres, plasticiens / des œuvres plastiques, tableaux préférés ?
Balthus, pour sa décadence. J’ai un souvenir fabuleux des œuvres de Paul Delvaux. J’aime Gaughin et pour la peinture et pour l’homme. Je n’ai jamais été passionné par Van Gogh (sans doute à cause des trop grandes reproductions) mais quand même, être dans la salle Van Gogh au musée d’Orsay c’est du bonheur pour les yeux ! J’aime Lucian Freud, j’adore Louise Bourgeois surtout son travail sur la vieillesse. Je vais beaucoup au musée, dans toutes les villes où je passe, dès que j’ai un moment je vais visiter un musée et quand j’en sors j’ai la même sensation qu’une journée au soleil à la plage, je me sens fatigué de soleil, j’ai l’impression que mon regard a été lavé. J’adore Les Noces de Cana, tableau plus intéressant que La Joconde qui lui fait face. J’aime aussi la photo que je pratique depuis peu de temps.
Vos films / cinéastes préférés ?
J’aime énormément le cinéma de Lars Van Trier (et je donc très déçu de ses propos au dernier Festival de Cannes). J’aime profondément Godard notamment Pierrot le fou. j’aime les films populaires mais exigeants comme par exemple La Graine et le Mulet, Quand la mer monte, deux bons exemples, j’ai aussi adoré Alice dans les villes de Win Wenders. Je n’aime pas les comédies à la française que je trouve trop mièvres, je n’aime pas Woody Allen à part Match Point, j’adore Haneke, Almodovar. J’aime les films qui me font poser des questions quitte à me faire un peu mal au ventre.
Vos acteurs / actrices préférés ?
Je n’ai pas vraiment d’acteurs préférés, je dirais Mathieu Almaric quand même et Isabelle Huppert.
Qu’aimez-vous voir sur scène ou au cinéma ?
Comme je le disais, un film ou une pièce peut me divertir mais avant tout j’attends qu’il ou qu’elle me bouscule, me bouleverse, me laisse une date importante dans ma vie.
L’endroit où vous écrivez en général ?
J’écris quand je peux, où je peux ! J’aime les trains par exemple, j’aime écrire l’été aussi, je me sens plus en forme au soleil. J’aime écrire quand tout le monde dort, le matin de bonne heure, dans une maison de location.
L’endroit où vous avez écrit ce texte précis ?
J’ai écrit Costa le Rouge en grande partie chez moi sur un petit bureau en formica blanc acheté dans une brocante dans le XIe il y a cinq ans. C’est un tout petit bureau qui prend un tout petit coin de l’appartement, coincé entre la cheminée et une bibliothèque. Sur mon bureau mon deuxième ordinateur un Macbook pro gris, une lampe (je ne sais pas du tout d’où elle vient mais je l’ai depuis des années, elle est grise et verte, une sorte de lampe de notaire). Sur le côté droit des casiers en carton que j’ai trouvé dans la rue, sur la droite deux tiroirs de deux vieilles commodes qui me servent à ranger des cahiers. J’écris la plupart du temps face au mur, un mur vide à l’exception d’une photo d’une jeune punk sur le port de Saint Nazaire offerte par un ami et de la partition de la première chanson écrite par moi qui a connu preneur. J’ai écrit Costa le rouge aussi dans les trains, je prends beaucoup le train, j’installe alors mon ordinateur, mets un casque, écoute de la musique (c’est le seul moment où j’écoute vraiment de la musique).
Les objets qui vous entouraient alors ?
Je ne suis pas très sensible aux objets, ou plutôt ils ne me servent pas à écrire, ils me servent à vivre en général. Je collectionne les marrons, mais pas n’importe lesquels ; les premiers que je trouve chaque année, au hasard d’un pas, au début de l’automne, des bouts de bois trouvés sur les plages, quelques objets achetés dans des pays étrangers. Ce sont des objets qui me rattachent à mon parcours sans m’engoncer dans la nostalgie.
Sur quel support écrivez-vous ?
Principalement l’ordinateur, de plus en plus l’ordinateur, de moins en moins le papier.
Le moment de la journée où vous écrivez ?
Le matin oui, à la fraîche quand je sais qu’il va faire beau la journée, quand tout est calme et que tout le monde dort. Sinon, entre deux machines à laver, pendant que les pâtes cuisent...
Des sons / odeurs / couleurs qui vous sont chers ?
J’aime l’odeur du café, j’aime le son de la machine à laver, j’aime le rouge des coquelicots.
Votre occupation favorite ?
Le quotidien.
Quels sont les objets dont vous ne vous sépareriez pour rien au monde ?
En ce moment mon Iphone, je suis un peu, beaucoup addict !
Votre idée du bonheur ?
En ce moment mais sans m’en contenter, en remettant en question chaque matin cette idée du bonheur.
Quel serait votre plus grand malheur ?
Être parent c’est être inquiet, perdre un de mes enfants.
Ce que vous voudriez être ?
Être plus tard un vieux monsieur sage à la barbe blanche qui vit avec sa femme depuis soixante ans et qui a le même amour qu’au premier jour, entouré d’enfants, de petits-enfants qui vivent libres dans un endroit construit pour ma tribu. Mais attention rien à voir ici avec la famille Ricoré ! Juste une endroit de construction.
Le lieu où vous désireriez vivre ?
En Bretagne, c’est certain, au bord de la mer, au nord.
Les 10 mots qui vous accompagnent ?
Père – question – écrire – bonheur – engagement – question – bonheur – écrire – père – engagement.
Quel est votre état d’esprit aujourd’hui ?
Heureux de ne plus être un adolescent, heureux de ne pas être encore mort.