La pièce est aussi construite autour de la mort du grand-père, sans que cet événement ne trouve place dans une structure purement chronologique. Le temps de cette pièce n’est pas linéaire, mais fragmenté au gré des mouvements intérieurs réels ou fantasmés de chacun des personnages. Autour de cette part manquante engendrée par la disparition du grand-père, s’articulent un avant et un après qui est vécu différemment pour chacun des membres de la famille.
À la scène 12, Costa constate que son Papé parle de moins en moins fort. Pourtant le Papé exprime l’urgence de dire à Costa ce qu’il ne sait pas, « le crabe qui s’est installé dans le creux de l’estomac », alors que Mum et Pa hésitent, tergiversent et finalement se taisent : « il a le temps pour ça », dit Pa.
À la scène 13, Papé et Costa ne semblent plus communiquer par la vue, mais seulement par l’ouïe. Alors que les parents usent de la métaphore « Partir en voyage », Papé clame toujours la nécessité impérieuse de dire la vérité :
PA. – Je ne sais comment lui dire
PAPE. – Dis-lui simplement il comprendra dis-lui les choses comme elles sont.
L’absence de ponctuation à l’intérieur des phrases laisse une liberté rythmique qui peut prendre appui sur la répétition des mots ou sur le souffle et l’émotion du lecteur.
Et tandis que le grand-père approche le trou noir et le néant de la mort, Costa prend déjà le relais en plantant une graine qui espère-t-il, poussera.
La scène 14 fait écho aux scènes 2, 4, 6. Costa y reprend les gestes symboliques et les rituels de son grand père sous le regard étonné de ses parents.
La scène 15 est d’une grande pudeur, comme un ultime adieu, à l’heure où la compréhension intuitive remplace des mots trop explicites :
PAPE. – Faut que je te dise,
COSTA. – Dis toujours j’ai compris.
À partir de ce moment, Costa ne dialoguera plus avec son grand-père ; c’est le père qui poursuivra le dialogue, tandis que Costa devra exister par lui-même, en s’emparant des graines de révolte semées par son grand-père.
À la scène 24 Pa et Papé se quitteront définitivement, mais réconciliés.
PA. – Tu vas me
PAPE. – Manquer je sais fiston moi aussi on était pas toujours d’accord sur tout mais.
PA. – Je t’ai aimé.
PAPE. – Moi aussi