La pièce commence par une didascalie qui précise, p. 7 :
Les filles sont à l’avant-scène, face public.
L’auteur nous indique ainsi que les actrices peuvent s’adresser directement au public, qu’il n’y a pas de notion de quatrième mur à ce moment de la représentation. Toutefois, il conviendra de toujours se demander à qui s’adressent les filles ? Parfois à elles-mêmes, quand il s’agit de pensées exprimées à voix haute comme dans cet exemple, p. 47 :
Et je me dis que je vais avoir une bonne excuse pour les prochains cours d’EPS.
Mais cela peut aussi être à une autre fille comme dans l’exemple, p. 12 :
Le lycée est mixte, alors on croise des espèces mâles dans les couloirs, t’sais, histoire qu’on devienne pas toutes lesbiennes, mais bon, on est toujours entre filles.
Elles peuvent aussi s’adresser au groupe dans sa totalité comme peuvent le faire les personnages d’époque qui racontent leur histoire à d’autres jeunes filles.
L’exposé de Scarlett, moment important de la pièce, s’adresse à la fois au groupe et au public. « Qui parle ? Et à qui ? » sont des questions qui, dans le cadre d’une pièce comme Ces filles-là, susciteront un débat chez les élèves qui confronteront leur compréhension et leur interprétation du texte.
La question de l’adresse invite logiquement à poser la question de l’écoute : qui écoute ? Qui entend ? Est-ce que cela interpelle ou laisse indifférent ? Chaque adresse suscitera des réactions différentes. Il y a aussi ce choix à discuter : dans la pièce, quand les personnages costumés parlent, les filles portent des écouteurs ; qu’est-ce que cela implique ? À qui s’adressent ces figures ? Que peut-on déduire de leur nature : est-ce des souvenirs ou des fantômes ? Pourquoi semblent-elles parler au public ? Qui sont les spectateurs, à ce moment-là ?