Travailler sur les insultes en classe n’est pas courant ni facile. Or, avec Ces filles-là, il est difficile de passer outre tant le texte est rempli de « mots qui font mal ». La pièce commence par une série d’insultes (p. 7-8). À l’âge recommandé pour la pièce (soit 14 ans), les élèves connaissent déjà ces mots, ils ne vont pas les découvrir, mais ils peuvent être un support intéressant pour les amener à réfléchir à l’évolution d’une langue à travers plusieurs exercices :
- donner leur propre définition des insultes utilisées et les confronter. On constate vite que certains mots n’ont pas un sens unique puis on peut tenter de trouver une raison à ce fait (par exemple, pourquoi « morue » est à la fois un poisson et une prostituée ? Quel peut être le lien ?) ;
- faire une recherche sur leur étymologie et établir comment, d’une signification parfois bien éloignée de son acception moderne, un mot peut devenir une insulte. Ainsi, une recherche sur le site du Centre national des ressources textuelles et lexicales (www.cnrtl.fr) nous apprend que le mot « pouffiasse » signifierait à l’origine « personne grosse, pansue, lourde » ;
- à partir des informations recueillies, réécrire le début de la pièce en changeant les insultes par leur sens premier. « Coureuse » peut devenir « chercheuse » et le texte, qui pouvait provoquer un rire un peu gêné dans la classe lors d’une première lecture à haute voix, peut devenir franchement comique grâce à la coexistence de mots aussi disparates ;
- pour finir, un dernier temps de réflexion est envisageable pour les lycéens : quel effet a voulu provoquer l’auteur chez le public ? Le faire rire, le mettre mal à l’aise ? Que peut-on déduire du rythme de la pièce ? Pour répondre à cette dernière question, il est possible de répartir les mots (ou courtes phrases) entre les élèves qui, après s’être confrontés à un temps de lecture à haute voix, trouveront plus évident la rapidité du texte qui plonge immédiatement le spectateur dans l’univers de ces filles-là et de leurs rapports complexes.
Un autre angle d’analyse concernant les insultes, injures et autres « gros mots » est de travailler sur la notion de registre du niveau de langue. Ici, le début de la pièce relève clairement du registre familier, mais les élèves peuvent réécrire ce début dans un registre courant. Pour le niveau soutenu, un travail préliminaire sera nécessaire, comme une recherche collective de mots et d’expressions équivalents.