« Ces filles-là met en jeu avec une formidable énergie les rapports complexes entre le groupe et l’individu. Les personnages y sont saisis en pleine vie dans un monde réel, tragique, sexuel, violent, complexe. Leur itinéraire se construit sans complaisance, facilité ou manichéisme. J’aime la manière dont les héroïnes d’Evan Placey luttent pour trouver les moyens de sortir de l’immobilisme généré par la loi du plus fort, la dictature des images, les règles omniprésentes du groupe.
Au delà de sa réalité concrètement éprouvée par des adolescents, le thème intéresse toutes les générations. À l’heure où l’égo-grégarisme fait rage, la violence de la mise à l’écart est de plus en plus partagée à l’intérieur des cercles professionnels ou privés par tout un chacun.
Evan Placey m’invite à renouveler mes formes de pensées, à avancer dans ma recherche d’un théâtre où les ados peuvent se retrouver, en travaillant sur la matière que constitue leur réalité quotidienne, sans démagogie, tout en ouvrant le dialogue intergénérationnel.
La pièce est un choeur écrit pour 20 voix qui propose un rapport inventif à la langue, à la musique actuelle, une place importante donnée aux images qui interagissent avec la fable.
J’ai choisi de mettre en scène ce texte avec toute la puissance que crée la présence de 20 corps au plateau.
Parmi elles, 8 adolescentes partagent la scène avec les professionnelles. Expertes du sujet, en osmose avec les comédiennes, emplies dans le secret de leur corps de la violence du silence de la majorité sur lequel repose le cyber-harcèlement, elles nous ont beaucoup apporté. Le mode de présence des ados parmi les comédiennes crée des liens singuliers avec les spectateurs, de confiance, de respect, de partage en humanité et génère sur scène une fragilité bénéfique.
L’ensemble questionne, nourrit, secoue la scène et la salle. »
Anne Courel