éditions Théâtrales Jeunesse

Cent culottes et sans papiers

de Sylvain Levey

Carnet artistique et pédagogique


[(Carnet pédagogique rédigé par Marie Bernanoce, maître de conférences en études théâtrales, professeur agrégée de lettres. Mise en ligne du carnet en 2015, et mise à jour en 2017.)]

Sous la plume de Sylvain Levey, l’école devient le miroir de notre société et de sa consommation effrénée. Il recense ces affaires futiles ou utiles que la pub et les goûts tentent d’imposer aux enfants.

Il montre ces choses qui révèlent ce qu’on est ; il dévide la complainte du progrès ; il dresse un inventaire sensible de ces objets inanimés racontant toute une histoire de France, des sans-culottes… aux sans-papiers.

À coups de petites chroniques poétiques ou d’aphorismes politiques, vrais matériaux pour la scène, l’auteur observe la relation entre les habits et les enfants et lance ici un pavé, comme un petit manuel d’instruction civique.

l’auteur

Sylvain Levey, également comédien, est parmi les jeunes auteurs de théâtre les plus prometteurs. Après Par les temps qui courent (Lansman, La Scène aux ados 1, 2004), sa première longue pièce, Ouasmok ?, a été publiée dans la collection jeunesse de Théâtrales (2004), ouvrant son œuvre jeunesse. Se dessine une écriture en connexion profonde avec l’univers de l’adolescence et de l’enfance. Sylvain Levey, même dans son théâtre généraliste, comme Enfants de la middle class ou Quelques pages que l’on retrouve dans Théâtre en court 1 aux Éditions Théâtrales (2005), écrit le monde du point de vue de la jeunesse.
Son théâtre s’engage. Dès l’enfance, l’homme est conditionné par une société de fausses libertés : grouille un petit monde trop policé de cochons qui s’ignorent, d’inceste familial, de couples sclérosés, de bourgeois engoncés dans leurs habitude superficielles. Des personnages cependant se battent avec force : dans Alice pour le moment (Éditions Théâtrales, 2008), ce sont les parents d’Alice, exploités par le chômage et les assureurs rapaces, mais capables de rire comme des fous quand leur voiture vient d’exploser ; c’est Viktor Lamouche, dans Théâtre en court 3 (Éditions Théâtrales, 2008), un jeune homme promis au plus bel avenir qui décide de tout abandonner pour céder au rêve d’amour des contes de fées, qui se dérobera sous lui.
Au final, c’est le chemin qui compte, la route d’Alice, de ses parents, avec l’humour qui accompagne tout regard distancé permettant d’avancer : sans doute est-ce là aussi le chemin d’écriture de l’auteur Sylvain Levey. Son oeuvre théâtrale, qui représente aujourd’hui d’une quinzaine de pièces, est marqué par un jeu physique à la fois oral et graphique sur le rythme, sensible dans la ponctuation, les reprises de sons, de phrases, de structures. La langue, faussement orale, s’adresse au lecteur pour le sortir de sa torpeur, l’interpeller, sans cynisme dans le sombre, sans fadeur dans le joyeux. Pour plus de précisions, se reporter à l’analyse de Ouasmok ? dans À la découverte de cent et une pièces de Marie Bernanoce (Éditions Théâtrales, 2006, pp.248-251) ou au dossier consacré à Sylvain Levey dans le n° 217 de la revue Griffon (n° de mai-juin 2009), pp.14-16.