Carnet artistique et pédagogique
Objectif : Découvrir le style d’écriture de la pièce, sa fonction et son usage. Raconter et jouer ensemble une histoire. Comprendre l’effet du jeu qui s’adresse directement au public. |
Découverte du début du texte : scène 1 « Imaginez [...] moi pas / moi non plus » (pp. 7-10)
Répartissez la lecture du texte entre 4 élèves, le reste de la classe étant le public. Invitez-les à lire le texte à haute voix en veillant à sa fluidité. Puis répartissez le texte sur 8 ou 12 élèves qui essaieront d’obtenir la même fluidité.
Lors de la lecture, on sera attentif à la ponctuation, à l’emplacement des fins de phrases et des pauses ainsi qu’au rythme des paragraphes. On demandera aux spectateur·rices d’écouter les yeux fermés pour préparer le travail à venir : « Des mots qui créent des images ; des répétitions/variations ».
Discussion : Laquelle des deux répartitions est la plus simple pour les lecteur·rices, la plus claire pour les spectateur·rices ? La plus intéressante ?
Dans un deuxième temps, on reprendra la lecture à 4 (on pourrait alors ne reprendre que les deux premières pages de la scène 1) en veillant à ce que tous·tes les narrateur·rices se tiennent ensemble, lisent chacun·e leur texte mais en chœur, et regardent toujours directement le public (cette fois les yeux ouverts). Le groupe doit essayer de raconter l’histoire comme d’une seule voix.
Discussion : On s’adresse directement au public présent. Qu’est-ce qui est important dans cette manière de dire un texte ?
Par exemple : pour les acteur·rices/lecteur·rices le contact visuel, la perception du public ; pour les spectateur·rices/auditeur·rices, le fait d’être entraînés à écouter, comme pris par la main par les narrateur·rices.
Pour raconter cette histoire : des mots qui créent des images et des répétitions/variations.
Dans ce début de pièce, il est immédiatement fait appel à notre imagination. Le zoo, la clôture et ses personnages sont introduits avec des mots et des expressions qui font image.
On demandera d’abord aux seuls auditeur·rices, ce qui s’est passé dans leur tête lorsqu’ils avaient les yeux fermés ? Ils devraient dire qu’ils ont vu les lieux, les personnages comme s’ils voyaient un dessin apparaître peu à peu sous le crayon d’un dessinateur.
Puis par groupes de 2 ou 4 lecteur·rices et auditeur·rices mêlés, on fera l’inventaire des mots qui font image, on écoutera leur sonorité (on pourra s’amuser à les prononcer avec une articulation forcée pour mieux les percevoir).
On remarquera alors que les éléments sont d’abord uniquement nommés avec des mots simples (« jolies maisons » « vilaines maisons ») plutôt que décrits ; mais aussi qu’ils sont continuellement repris pour préciser progressivement le dessin : « ce qui change(…) c’est qu’entre les jolies et les vilaines maisons, il y a une clôture » puis reprise de la clôture « une clôture qui … ».
Première conclusion sur l’écriture et sur l’histoire :
Jens Raschke choisit une écriture qui force le regard du jeune lecteur/spectateur, qui l’amène à voir (comme l’a fait le rhinocéros du titre, comme fera l’ours plus tard) en confiant ce rôle à des narrateur·rices-conteur·rices. On dirait qu’ils nous content une jolie histoire pour enfants, empruntant leur vocabulaire tout simple, jouant sur les sonorités des mots, une histoire non dénuée d’humour (voir les portraits des cygnes et des babouins). Il installe aussi un mystère par ce jeu de répétitions /variations en ne dévoilant le paysage que progressivement d’abord gai amusant, mais où bientôt s’insinuent des notes sombres (un zoo en noir et blanc ; une clôture électrique pour des hommes qui n’ont droit à rien etc). Ces répétitions variations créent aussi un rythme qui peut installer une tension dramatique.
Écriture permettant la mise en évidence de cette écriture : écrire une description du zoo comme elle figurerait dans un roman en y ajoutant des détails imaginés ; ou proposer une courte description écrite par l’adulte (de la cour de récréation par exemple) et demander de la transcrire pour le théâtre à la manière de Jens Raschke.