Billybeille est pavé de brèves scènes où apparaissent deux autres personnages parlants : ses parents. Les courts échanges entre les parents sont des flash-backs qui reviennent à Billy à certains moments, en rapport avec les évènements qu’il vit. Ils renvoient à un trauma : la séparation de ses parents liée au diagnostic de son TDAH. Ce sont des conversations entendues par un Billy caché dans un coin, des choses complexes à comprendre pour lui.
Iels ont parfois la parole de manière directe contrairement par exemple à Patrick, le grand frère de Billy ou Mme Grommel, son institutrice, dont les paroles sont intégrées à celle de Billy. On pourra à ce titre avoir une discussion sur l’effet du discours rapporté et son incidence sur le jeu.
L’enseignant·e pourra proposer à deux élèves de lire le premier échange entre les parents p. 22. On prendra bien le temps de noter que l’intention de l’auteur est que Billy soit seul sur scène (cf. les notes sur la mise en scène). Une fois la première lecture terminée, on fera relire à un seul élève tout l’échange. L’enseignant·e pourra proposer au/à la lecteur·rice de changer de voix en fonction du personnage qui parle. Une fois les deux lectures passées, l’enseignant·e interrogera les élèves sur l’effet produit par l’une et l’autre des versions.
Pour aller plus loin, l’enseignant·e pourra proposer de refaire la première version mais en mettant les élèves « en scène » avec une troisième personne qui écoute dans un coin, jouant ainsi le rôle de Billy ; et pour la seconde version que le/la lecteur·ice soit seul·e sur scène. Là encore, on laissera la parole aux élèves pour comprendre l’intention de l’auteur quant à la « disparition » des parents.
De la même manière, on prendra la scène des retrouvailles avec le père (pp. 49-51). L’enseignant·e proposera dans un premier temps à deux élèves de lire : un·e lisant la parole de Billy, l’autre celle du père. Cela nécessitera une première lecture à plat pour bien repérer les interventions du dernier afin de faciliter la fluidité de la lecture. Puis, on refera une seconde lecture avec un·e seul·e élève lisant l’intégralité du texte. Quel effet est produit quand il y a deux voix ? Et quand il n’y en a plus qu’une ? Quelles thématiques déjà évoquées tout au long de la pièce atteignent ici leur point d’acmé ?
Cette proposition de lecture/recherche pourra également être faite avec la scène avec Patrick (pp. 43-45).
La finalité de ses tentatives de mise en voix est d’aller dans le sens de la mise en scène proposée par Evan Placey : il n’y a sur scène qu’un seul protagoniste et les autres personnages ont disparu, remplacés parfois par des jouets ou des dessins. Avant de passer à la mise en jeu du texte, l’enseignant·e pourra donc clore cette première mise en voix du texte en proposant à la classe de diviser le monologue entre tou·tes les élèves et d’en faire une lecture complète mais avec la contrainte qu’il n’y ait jamais qu’une personne à lire « sur scène ». La contrainte pourra être que les élèves cherchent à avoir une voix commune, c’est-à-dire un débit, une adresse au public, une articulation similaire puisqu’iels incarnent le même personnage. Cependant, que chacun·e puisse s’approprier le personnage à sa façon et ne pas chercher à truquer sa parole pourrait donner un résultat passionnant. Si l’enseignant·e a le temps de tenter les deux versions, iel prendra ensuite le temps là encore d’interroger la classe sur son ressenti : qu’est-ce que ça raconte de voir un groupe de jeunes incarné un seul personnage, qui plus est différent d’elleux de par son TDAH ?