Dans les notes de mise en scène, Evan Placey écrit ceci :
« La musique et le jeu corporel doivent nous éclairer sur le fait qu’il a un TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), il est donc tout à fait possible que la musique et les mouvements soient parfois sans rapport avec ce qu’il raconte. » (p. 7)
L’enseignant·e pourra proposer à partir de cette consigne de penser la parole de Billy en lien avec du mouvement et de la musique. En choisissant en amont une liste de morceaux – de préférence sans paroles dans un premier temps – l’enseignant·e reprendra les propositions de lecture déjà testées – toujours sur le passage pp. 9 à 13 - en ajoutant une ambiance sonore. On prendra le temps de voir l’effet produit par cet ajout, et de s’interroger sur le décalage entre la musique et la parole.
Nous proposons ici une liste de morceaux qui peuvent être utilisés. Ceux-ci sont sans parole et présentent des rythmiques et des énergies différentes, ce qui permettra de tester la parole sur du son :
– Mooryc, Saint Saens
– Todd Terje, Inspector Norse
– Isaac Albeniz, Suite espagnole : Asturias
– Max Richter, Spring 1
Il sera intéressant de commencer par une lecture simple, avec l’élève assis à sa chaise, puis debout et enfin de mettre le/la lecteur·rice en mouvement. Sur ce dernier point, en fonction de la salle mise à disposition, l’enseignant·e pourra proposer une variation dans la vitesse de déplacement. L’idée sera toujours de conserver un confort de lecture texte en main. On pourra justement réfléchir à comment on lit dans le mouvement sans se perdre dans son texte, comment on reste intelligible pour un public, et comment on ne perd ni la projection, ni l’articulation dans le mouvement. Le TDAH de Billy dans la pièce est bien celui du personnage et non celui du/de la comédien·ne qui l’incarne : ce distingo est important à rappeler afin que la parole reste théâtrale, et qu’elle ne soit pas caricaturale.
Une fois encore, à chaque tentative par un·e élève, on prendra toujours le temps de faire un retour en s’interrogeant :
– Est-ce que j’entends bien le texte ?
– Qu’apporte la musique ?
– Qu’apporte le mouvement ?
– Qu’apportent les variations à la fois dans la musique et dans le mouvement ?
De la sorte, on commencera à construire un premier cadre de mise en scène.
Pour aller plus loin, on prendra le passage de l’escalade de l’échafaudage par Billy (de la p. 36, à partir de « Et lui : "Je parie que personne est cap de grimper là-haut […]" à la p. 38, jusqu’à « Regardez la forme bizarre de son bras. »). Après l’avoir donné à lire aux élèves, suivant le principe du/de la lecteur·ice qui change à chaque paragraphe, l’enseignant·e prendra le temps de noter avec les élèves les différentes actions du passage. L’idée sera désormais de les faire vivre par la seule parole.
Après avoir interrogé les élèves sur leurs suggestions pour donner à voir les images par la parole, l’enseignant·e pourra proposer à une·e élève de lire le passage en prenant le temps de faire apparaître la scène dans la parole. Pour l’aider, d’autres élèves pourront, dans un premier temps, figurer par le jeu silencieux la scène qui se déroule. De la sorte, la personne qui lit verra apparaître les choses en même temps qu’elle les lit. Cela permettra aussi de comprendre quel temps est nécessaire pour que les images aient le temps de se former au plateau. Puis, le groupe jeu se retirera et on refera une lecture simple en essayant de garder en tête les temps utiles au public pour visualiser ce qui se passe. On pourra enfin ajouter une ambiance musicale allant dans le sens ou à l’opposé de la parole.