La didascalie initiale indique que Billy apparaît pour la première fois au public portant un chapeau et un voile d’apiculteur et se tenant devant une ruche, que l’on découvrira usée un peu plus tard. Son surnom, le résumé de la pièce et maintenant cette première didascalie : plus de doutes, il y a beaucoup de bourdonnements dans la vie du héros. Une nouvelle connexion est formulée à ce sujet par le docteur Labyre, le nouveau médecin de Billy :
Le docteur Labyre a expliqué : Alors, Billy, imagine que ma tête est remplie d’abeilles qui effectuent toutes sortes de danses pour transmettre des messages à d’autres abeilles dans différentes régions de ma tête – (il mime la transmission des messages) bzz-ping, bzz-ping, bzz-ping – c’est comme ça que le cerveau travaille pour dire au corps ce qu’il doit faire – en envoyant des messages dans un sens et dans l’autre. Mais imagine que l’abeille ait reçu un message qui lui demande de voler à droite et que d’un coup, à mi-parcours, elle se mette à voler à gauche. Bzzzz-criiiiic. C’est ce qui arrive aux abeilles dans mon cerveau à moi. » (pp. 33-34)
L’enseignant·e pourra ici revenir sur les premières discussions avec les élèves sur le lien entre les abeilles et la personnalité de Billy : quel lien est fait par le médecin sur les insectes et la neuroatypie du personnage ? Comment s’appelle cette figure de style consistant à illustrer un aspect d’un personnage par un objet, un animal ?
On découvre au fur et à mesure du texte que Billy entretient un double rapport avec son animal fétiche : il en prend soin en s’occupant de la ruche laissée par son père, et il se projette lui-même en abeille. Billy revient toujours à la ruche, qui est son exutoire, son refuge, comme en témoigne par exemple cet extrait :
Billy est avec sa ruche et ses abeilles mortes dans des bocaux.
BILLY.– La reine impose ses règles comme toujours.
« Tu ne dois pas aller plus loin que cette barrière, Billybeille, tu comprends ? »
Et alors Billy s’énerve et commence vraiment à bourdonner dans tous les sens.
« CALME-TOI ! CALME-TOI, BILLY ! » (p. 32)
Il pourrait être amusant que l’enseignant·e ici prenne le temps de détailler avec les élèves en quoi consiste le métier d’apiculteur. Pour se faire, iel pourra à la fois se servir de la pièce en relevant tous les passages où Billy décrit ce qu’il faut faire pour entretenir une ruche, mais aussi en proposant aux élèves de faire des recherches au CDI ou à la maison sur la réalité de ce métier. La méticulosité demandée par celui-ci pourra ainsi être mise en opposition avec la personnalité de Billy : si ce hobby pouvait avoir une utilité pour le garçon, quelle serait-elle ? De ce point de départ, l’enseignant·e pourra demander aux élèves quelle(s) activité(s) leur sont plaisantes pour se concentrer quand iels en ont besoin ?
Quand Billy observe ses abeilles, il se voit aussi comme l’une d’elle. Pourtant comme il le dit :
« Dès la naissance, chaque abeille sait ce qu’elle a à faire. Elle sait qui elle est dans le monde. » (p. 13)
Qu’en est-il de lui ?
« Et parfois Billy l’Abeille est tellement frénétique et affairée autour d’une chose qu’elle oublie qu’elle était censée faire autre chose.
Et elle se retrouve à bourdonner en rond et en rond et en rond.
[…] » (p. 20)
En s’appuyant sur ces deux extraits ainsi que les paroles du médecin, l’enseignant·e pourra proposer aux élèves une réflexion sur la ruche comme représentation du monde. Si dans ce micro-monde, chacun·e sait ce qu’il a à faire, que va-t-il advenir des abeilles qui se perdent ? Comment vont-elles être perçues par les autres ? À qui incombe-t-il de s’occuper de ces abeilles, de les aider, de les comprendre ? Cet échange pourra être mené avec un·e professeur·e d’enseignement moral et civique en évoquant notamment la question de l’inclusivité – soit l’acte de promouvoir, de favoriser et de défendre l’intégration de chacun et chacune, sans discriminations. Cette réflexion pourra aussi être mise en miroir avec un débat sur la devise de la France « Liberté, égalité, fraternité ».