L’idéal serait de consacrer à la première découverte une séquence de deux heures.
Couverture, titre et page personnages
Seul à avoir le livre en main, l’adulte pourra lire sur la couverture le titre et l’auteur ainsi que la page des personnages.
Une fois les noms des quatre premiers personnages lus, il peut s’interrompre et poser cette question : « À quelle sorte d’histoire vous attendez-vous ? »
(sujet et tonalité).
Il peut ensuite reprendre la lecture de l’ensemble des personnages.
À la fin de la liste, une nouvelle question peut être posée : « Ce que vous aviez imaginé est-il contredit ou précisé par les dernières mentions ? »
Ce questionnement en deux étapes mettra d’emblée en évidence le mélange de deux réalités : une histoire intime et l’Histoire universelle, ainsi que deux tonalités : la fantaisie des prénoms et le drame possible d’une guerre.
La gageure du tableau I
Pour ne pas rebuter les jeunes lecteurs, que la densité du tableau I peut effrayer, il faudrait s’appuyer sur sa dynamique pour lancer joyeusement le projet du groupe autour du texte, par l’oralisation. Pour cela, l’adulte s’entraînera à une lecture offerte, en relevant le défi que l’auteur s’amuse à lancer aux acteurs, le défi que semblent se lancer Mirabelle et Hippolyte eux-mêmes (voir partie I-B). Son défi à lui sera de tenir le débit qui doit conduire les enfants à sourire de cette course de fond des générations, tout en respectant passages à la ligne et mise en évidence des commentaires qui s’intercalent ; enfin à partir de la p. 17, il s’agira de jouer bien sûr des deux voix.
On évitera de trop couper la découverte de la suite pour que le groupe ne perde pas l’élan et espérons-le, l’envie de « s’y mettre » à son tour.
Cependant, on leur cédera la parole et à partir de l’expression/confrontation de leurs impressions et leurs remarques spontanées, on mettra en évidence les questions essentielles qui faciliteront leur lecture autonome de la suite.
On fera le point sur :
D’où le nouvel horizon d’attente à faire exprimer : que va nous raconter la suite ?
D’autres coïncidences étonnantes dans la vie de Mirabelle et Hippolyte auront peut-être déjà été repérées par certains : a priori fantaisistes, elles ressortent d’un jeu de l’auteur et peut-être de ses personnages (le 8 ; les chambres 44 et 88 de la même maternité ; la même date de naissance : 1er mai 2000, date connotée : un jour de renouveau, de bonheur - sans doute aussi le petit plaisir personnel de l’homme engagé, au moment de l’écriture : le jour de la Fête du travail).
Alors cette lecture va-t-elle être triste ou amusante ?
Dans l’élan donné par la lecture offerte du Tableau I, et si possible dans la même séquence de cours ou d’atelier, on pourra inviter le groupe à une lecture chorale de découverte de ces deux tableaux (voir II-A).
Sans trop attendre, on proposera aux élèves de découvrir seuls, en classe ou à la maison, la suite et fin du texte en lecture silencieuse.
Après lecture de tout le texte, on précisera, enrichira, corrigera, les premières remarques, lors d’un nouvel échange. Et avant d’entrer plus profondément dans le fonctionnement dramaturgique de la pièce, nécessaire à la mise en voix et en jeu, on reconstituera l’enchaînement des épisodes qui ont fait de l’histoire d’Arsène et Coquelicot, une vie gâchée : les événements personnels de l’un et de l’autre / les événements historiques sous-jacents. (voir partie I-D).
À cette étape du travail, les enfants diront spontanément : « c’est une histoire triste » mais auront certainement perçu que si l’histoire est triste, l’auteur y sème toutefois de la fantaisie. Comment ?