éditions Théâtrales Jeunesse

Amour et Merveilles

de Stéphane Jaubertie

Carnet artistique et pédagogique

** Motiver le texte en lisant à voix haute

À la table ou en cercle, le préambule à tout travail de mise en voix ou en jeu sera de faire lire à tous l’extrait choisi. Il faut lire de façon audible, pour être entendu, et pour raconter. Pas de distribution, chacun peut lire à tour de rôle une réplique ou un passage. On prendra soin d’effectuer ce découpage en amont si nécessaire. Cette lecture sera le temps d’entendre la matérialité du texte, de relever des mots ou situations inconnues. Il faut donc engager les jeunes à s’arrêter ou poser des questions dès que cela est nécessaire.

À la sortie de ces premières découvertes oralisées du texte, nous devons nous assurer que tous·tes comprennent bien l’enjeu de l’extrait choisi. On pourra faire un tour de table et demander à chacun·e de verbaliser son ressenti afin de confronter différentes perceptions sur l’extrait : Qu’y a-t-il à jouer, à montrer, à faire passer au public ? Quel personnage veut obtenir quoi d’un autre ? Quel personnage est empêché ? Quel est l’objectif de chacun des personnages ? Relever les actions, les situations et les tensions présentes dans le texte.

Prenons pour cela le début de la pièce par exemple, et posons-nous des questions sur le dialogue entre la jeune fille et l’homme de la p. 7 à 12 : l’homme ment à la jeune fille. Depuis quand ment-il ? Depuis le début et à chaque réplique ? La jeune fille est-elle naïve et crédule tout le temps ?

** L’importance du rythme

On pourra ensuite amorcer un travail sur l’intention et l’énonciation. On pourra faire des essais d’intentions et de mise en voix à partir des réactions des élèves sur le passage. Ce travail peut aussi être mené en groupes de 4 ou 5. On définit ensemble les intentions qui peuvent être attribuées à chacune des répliques de l’homme (en colère, ambiguë, désabusé, etc.) et de la jeune fille (confiante ou inquiète, réticente, en colère…). On peut aussi laisser aux élèves le soin de trouver les intentions possibles.

Puis, dans un deuxième temps, certains élèves de chaque groupe viendront faire une lecture de cet extrait en fonction des intentions choisies. Cette grande attention portée à l’intention de la phrase en modifie l’énonciation.

On peut aussi volontairement jouer des différences de rythme, de volume et d’intonation. On peut laisser de plus ou moins longues pauses volontaires au milieu d’une phrase ou après un mot, étirer ou abréger les voyelles, ne pas s’attacher aux intonations naturalistes de la ponctuation et fouiller dans la matière de la phrase afin de voir quels effets cela produit, et comment le sens s’en trouve modifié. Par exemple sur cette réplique p. 12 :

HOMME.- Je l’ai tué ? La colère. Je vois que ça. J’étais en colère et c’est tombé sur lui. Ça aurait pu être toi. Mais c’est fini tout ça. Ça change, un homme. Fais-moi confiance. La clé contre le chat.

On peut d’abord lire cette réplique avec une intonation descendante à la fin de chaque phrase. Puis avec une intonation montante à la fin de chaque phrase. C’est l’occasion de faire noter aux élèves que l’intonation descendante marque la fin de la réplique tandis que l’intonation montante donne l’impression que l’on pose une question.

On peut faire un autre essai en marquant des pauses indiqué comme suit dans l’extrait suivant : / est une pause longue, // est une pause très longue :

HOMME.- Je l’ai tué ? // La colère. // Je vois que ça. / J’étais en colère / et c’est tombé sur lui. // Ça aurait pu être / toi. // Mais c’est fini / tout ça. // Ça change, / un homme. // Fais-moi /confiance. // La clé / contre le chat.

Cet exercice peut être reproduit sur d’autres extraits. Ces exercices permettent d’entendre le texte raisonner différemment et ouvrent parfois des portes d’énonciations. Ils mettent également en avant l’importance pour les élèves de travailler leur énonciation en prévision de la mise en jeu.