Considérons pour commencer le livre en tant qu’objet, en proposant aux jeunes une lecture de repérage avant d’entrer dans le texte.
La couverture
On peut proposer de comparer les couvertures des précédents textes jeunesse de Stéphane Jaubertie, parus dans la collection Théâtrales Jeunesse (8 titres dont on trouvera facilement les couvertures sur le site des éditions Théâtrales). Une fois le motif récurrent des ballons repéré, on se questionnera sur le choix des couleurs ou de leur emplacement sur la couverture. On peut aussi faire réfléchir les élèves sur la symbolique possible (par exemple, la couverture de Livère pourrait représenter un chemin).
En associant ces images aux titres, peut-on imaginer de quoi parlent les textes (thématique, ambiance…) ? De quoi pourrait parler Amour et Merveilles ?
Le paratexte
Après la première de couverture, nous pouvons faire lire aux élèves sa quatrième. Cette présentation est-elle très éloignée de ce que la couverture avait laissé supposer ?
Si cela n’a pas déjà été évoqué, c’est ici l’occasion de leur faire repérer qu’il s’agit de théâtre et de relever le nom de l’éditeur. C’est l’occasion également de faire le tour de l’objet livre, de ce qui relève du paratexte, et de clarifier la notion d’auteur et d’éditeur.
La page 3 nous donne des informations sur tous les textes de l’auteur : si nous lisons à voix haute les titres jeunesse (déjà vus en explorant les couvertures) quelle analyse peut-on faire des différents titres ? Par exemple, on peut relever les jeux de sonorités entre prénoms et noms communs pour Laughton, Livère, Létée. Une chenille dans le cœur ou Un chien dans la tête proposent des sortes d’expressions et un imaginaire qui ne semblent pas se placer du côté réaliste... Qu’en est-il d’Amour et Merveilles ? On peut noter l’usage de la forme singulier et pluriel pour ces deux noms. Toutes les hypothèses autour du titre se confronteront ensuite avec la lecture du texte, avec l’avantage d’avoir mis en marche notre imaginaire.
La liste des personnages
Prenons ensuite la page 5, qui mentionne les personnages. « Une jeune fille », « Un homme », etc…Que remarque-t-on ? Les personnages n’ont pas de noms, ils sont présentés comme des personnes indéterminées, ce qui est d’autant plus accentué par l’usage des déterminants indéfinis « un » et « une ». On peut faire lire à haute voix cette page pour aider l’analyse.
Toujours page 5, la phrase « Il est tout à fait envisageable que la voix didascalique soit celle du vieux comme le monde » permet d’aborder la notion de didascalies. Pour ce texte en particulier il est important de distinguer la didascalie de régie (indications scéniques) et la voix didascalique fictionnelle (rôle dans la fiction destiné au lecteur ou au spectateur). Voir le glossaire, entrée « Didascalie ». On y reviendra lors de l’étude de la structure du texte et des essais de mise en espace.
La postface
Suivant l’âge, l’habitude ou la fluidité de lecture des élèves, on peut donner à lire le texte en postface de Stéphane Jaubertie « Dans ma main » (p. 99), avant ou après la lecture de la pièce. Lu en amont, ce texte aura le mérite de donner certaines accroches à des lecteurs pour qui rentrer dans les textes n’est pas un exercice aisé. Il pourra aider de façon ludique à comprendre :
– Les enjeux et les particularités d’un texte théâtral ;
– La symbolique du titre ;
– Les thématiques du texte, que nous allons explorer plus loin dans ce carnet.
Le théâtre étant plus majoritairement envisagé comme une forme de spectacle vivant qu’un genre littéraire, les textes de théâtre ne sont pas toujours considérés par les jeunes comme des textes à lire.
Une lecture de repérage du texte donnera rapidement à voir en le feuilletant que le texte ne présente ni actes, ni scènes, ni séquences. Il est alors intéressant de constater avec eux que les écritures théâtrales contemporaines présentent des structures variées.
L’importance des dialogues
Les dialogues sont quant à eux la marque du genre théâtral, tout comme les didascalies. Le peu de descriptions (pas de description de la psychologie des personnages, de l’environnement…) peut perturber les jeunes lecteurs : il ouvre pourtant sur une grande liberté d’imagination. Les tensions et les enjeux de la pièce naissent à travers les voix des personnages différents mais sans être réellement écrits. On peut commencer à appréhender également le fait que l’écriture dramatique se lit et s’écrit entre les répliques.
Trois récits enchâssés
La quatrième de couverture nous prépare à la lecture de trois histoires distinctes : celle de la fille du roi, du fils d’un ogre et celle d’un petit garçon ami d’une sirène. Il est intéressant de relever que celles-ci glissent de l’une à l’autre : on dit qu’elles sont enchâssées. On peut faire relever les points de passage d’une histoire à l’autre (p. 18, p. 47, p. 78) et faire relever que ces points de passage se font grâce à la voix didascalique.
Le rôle des didascalies
On peut en relever deux types :
– Les didascalies fictionnelles, en italique, font partie intégrante de l’histoire, elles la présentent, la font avancer.
– Les didascalies de régie, en italique et entre parenthèses, sont de l’ordre de l’indication scénique.
Quant à la voix didascalique : À qui parle cette voix ? au lecteur ? au personnage ? Comment s’adresse-t-elle à eux ? Il est très important de bien comprendre ces différentes adresses pour mieux goûter l’impact du texte.
On pourra également interroger le statut du personnage qui porte cette voix : le vieux comme le monde, s’il prend en charge la voix didascalique, est un peu la « voix de la sagesse » qui encadre et encourage le parcours initiatique de la jeune fille, du fils et de l’enfant.
Cette étude peut permettre d’aborder avec les élèves la question de l’adresse. Voir le glossaire, entrée « Adresse et double énonciation ». Cette voix semble directement interpeller le lecteur, tout en étant ancrée dans l’histoire. Il sera particulièrement intéressant d’étudier la proposition de l’auteur en page 5 à la lumière des questions de l’adresse.