Exercice/Recherches que l’on peut faire de façon connexe : la prise de pouvoir de Pinochet le 11 septembre 1973 et sur la dictature au Chili. On peut aussi s’intéresser à Pablo Neruda.
On peut par ailleurs proposer aux élèves de travailler en groupe sur les thèmes qui traversent la pièce :
Il y a des déplacements géographiques du nord au sud jusqu’à un village indéterminé.
Transformation dans la manière de progresser, d’avancer (les étapes) :
Ainsi le voyage se transforme en sorte de dépouillement pour une renaissance possible.
Ce voyage dans l’espace se double d’un voyage temporel au fil des saisons du nord au sud.
Le texte met en lumière les transitions de l’état d’enfance à celui d’adolescence et à celui d’adulte. La narratrice raconte sa transformation tout comme l’Alice d’Alice au pays des merveilles. Les transformations de l’enfance à la féminité se superposent au voyage Nord/Sud, pluie/soleil.
On verra aussi la transformation de l’Autre : on est d’abord en présence de garçons hostiles, qui se moquent et rejettent Alice, puis il y a la rencontre avec Gabin. On passe de Garçon 1, 2 ou 3 à un garçon nommé qui aime Alice, est attiré par elle.
On insistera sur le passage d’un état provisoire à un état durable : les allongements de durée ; quatre mois de chemin d’école dans la ville du nord à 6 ans de chemin de bureau à la fin. Ou encore les changements de domicile fréquent à la maison des parents quinze ans après.
On assiste ainsi au passage de l’exil à l’ancrage.
On fera prendre conscience aux élèves que l’ensemble du texte est tissé de ces échos, oppositions et/ou parallélismes :
On pourra faire travailler les élèves sur la langue :
La notion d’accent
Les métaphores/les jeux de mots tels que :
« ALICE.- c’est grave d’avoir notre accent maman ?
LA MÈRE.- non c’est circonflexe. » (p. 26)
Ou encore lorsqu’en panne d’essence, les personnages marchent :
« LE PÈRE.- La marche c’est l’essence même de l’humanité » (p. 55)
La forme poétique est très présente dans la partie 5, dans laquelle Alice et Gabin se découvrent et découvrent la sensualité. On peut le noter grâce à la mise en forme du texte : absence de ponctuation, retour à la ligne, sauts de lignes comme des silences, répétitions… tout participe de l’écriture poétique. Dans ce passage on assiste aussi au mélange à la Prévert de la langue poétique amoureuse et de la langue savante anatomique.
La dernière partie reprend la forme d’écriture poétique avec les retours à la ligne, les anaphores et les rythmes.
Exercice individuel d’écriture possible : Écrire sa naissance en s’inspirant de la forme utilisée par Alice p. 56/57.
On note une écriture à la fois narrative, poétique, et théâtrale à laquelle s’ajoutent les allusions au cinéma, à la littérature et à la chanson. Dans la partie 3, la rencontre avec Gabin se fait sur ces allusions : Brigitte Bardot, Jean Luc Godard, Jean Gabin, Hugo, Barbara et sans doute une allusion à Franck Sinatra avec le « Bang ! Bang ! Bang ! » de la voiture.
Ainsi par cette approche textuelle, on tentera de mettre en lumière la complexité de l’écriture de cette pièce qui se cache sous une langue très accessible. On insistera sur le jeu des superpositions diverses : narratrice et personnage ; temps du souvenir et de l’enfance et temps de l’adulte ; temps du récit et temps de l’Histoire, perte et trouvaille ; exil et intégration ; contre-courant et courant.