éditions Théâtrales Jeunesse

À demain
ou la Route des six ciels

de Jean Cagnard

Carnet artistique et pédagogique

Projet : élaborer une mise en scène du début de la pièce : introduction et partie 1.

Partir d’une réflexion sur ce qu’implique le passage à la scène de ces deux fragments : comment théâtraliser ce moment ? Comment représenter sur le plateau le concept du temps, le Matin, la Journée… ? Comment faire coexister les voix différentes sur le plateau ?

Nous vous proposons de partager la classe en deux groupes, chaque groupe travaille sur les mêmes extraits. L’objectif est de réinvestir le travail réalisé précédemment (fiches 2 et 3).

Consignes :
1/ Tous les participants doivent être en scène, quel que soit le rôle que chacun occupe.
2/ Créer deux types de marionnettes différentes. Quatre personnages sont à réaliser : le soleil, la lune, l’œil et l’homme qui agrandit le ciel.
3/ Délimitez une aire de jeu et pensez à la place du spectateur : quel rapport souhaitez-vous avec le public ? Où le placer ?
4/ Concevez ensuite des espaces pour représenter les deux scènes successivement. N’oubliez pas la présence des conteurs.
5/ Rédigez une note d’intention qui explique/présente les questions que vous vous êtes posées lors de la réalisation de ce projet. Présentez également vos choix de scénographie, de mise en scène.
6/ L’espace scénique peut représenter plusieurs espaces avec plusieurs échelles. Par exemple : le soleil peut être une petite figure derrière un drap ou dans un cadre comme il peut devenir une figure de taille humaine qui occupe dans son déplacement tout l’espace. Les différentes échelles peuvent se mêler dans un même espace de travail avec les élèves lors d’une même mise en scène du texte.

Le travail ainsi élaboré dans chaque groupe sera montré aux autres. On reviendra ensuite sur les propositions dramaturgiques retenues, sur les choix esthétiques de chaque groupe, sur les modifications à apporter pour améliorer le travail et sur le ressenti de chacun des participants.

Avant de se lancer dans la réalisation de la proposition scénique, il conviendra de pratiquer quelques exercices d’échauffement et de manipulation. La séance de préparation débutera par des exercices classiques de concentration.

Échauffement du corps pour le réveiller et le dynamiser

Tournez la tête de gauche à droite, de bas en haut, en rotation très lente. Puis détendez l’épaule droite grâce à une rotation en avant puis en arrière. Effectuez le même exercice avec l’épaule gauche ; puis tournez les deux épaules ensemble d’avant en arrière. Pour détendre le haut du corps, tendez le bras droit à l’horizontale et poussez un mur imaginaire avec la main, les pieds restent bien ancrés au sol, seul le haut du corps est mobile. Faites la même chose avec le bras gauche. Puis imaginez que quelqu’un vous pousse dans le dos, votre buste est projeté vers l’avant ; de même, si quelqu’un poussait votre thorax, le haut de votre corps serait projeté vers l’arrière. Pour détendre les hanches, basculez votre bassin de l’avant vers l’arrière. Placez ensuite vos mains sur la taille et balancez vos hanches de droite à gauche. Enchaînez enfin les quatre mouvements à la suite (comme si vous pratiquiez la danse du ventre). Détendez enfin les genoux en effectuant des petits cercles. Échauffez les chevilles en effectuant de petites rotations à droite puis à gauche.

Puis procédez à l’éveil du corps. Pensez à la didascalie initiale avec le lever du Soleil : chauffez les mains l’une contre l’autre, puis frottez l’ensemble du corps comme on pourrait le faire quand on prend sa douche. Étirez-vous et baillez si nécessaire, reprenez contact avec votre corps et ancrez celui-ci dans la réalité. Secouez les jambes comme le font les athlètes avant de se lancer dans la compétition.

Échauffez les mâchoires en faisant quelques grimaces et en prononçant des fragments de répliques retenues des exercices précédents, chantonnez pour donner l’humeur du moment. Amenez des mouvements plus amples et un déplacement comme si vous vous dirigiez vers le plongeoir.

Délimitez l’aire de jeu : les participants marchent dans cet espace en respectant l’équilibre du plateau. Chacun marche en adoptant une allure normale, sans se presser. Faire naître la voix en prononçant quelques mots du texte ou un fragment de réplique. Ne pas créer du sens à ce qui est dit. Le regard est toujours placé à l’horizontal et c’est lui qui dirige le déplacement : le regard fixe un objectif et le corps se dirige vers ce point choisi. Une fois parvenu au but fixé, changez radicalement d’angle, créez une rupture très nette. Cet exercice prépare le travail du manipulateur dont le regard est d’une grande importance. C’est lui qui guidera, qui dirigera le regard du spectateur sur la marionnette. Le meneur de jeu peut faire évoluer les participants en proposant des variations de rythme et des intentions différentes (se déplacer avec joie, marquer la légèreté ou signaler la peur, la frayeur…) tout en maintenant cette acuité du regard.

Exercices préparatoires à la manipulation de marionnettes ou de figures de papier

Les participants se placent en cercle. L’un d’entre eux se saisit d’un objet, qui devient l’élément moteur : c’est lui qui dirige la main, c’est lui qui « voit ». Le participant dirige son regard sur l’objet qui trace le chemin comme dans l’exercice précédent. L’élève effectue alors un parcours dessiné par l’objet. Cet objet peut être le déclencheur d’un bruit et d’un rythme, il devient autre chose que ce qu’il représente. L’élève passe ensuite le relais en confiant cet objet à un autre participant qu’il choisit : il se place devant lui en continuant d’exécuter le mouvement rythmé et le bruit. La personne imite d’abord le geste, le mouvement proposé, elle prend le rythme puis copie le son : quand les deux personnes sont en harmonie, l’objet passe de main en main sans interruption. La seconde personne commence son parcours quelques instants avec le même geste et le même son. Puis elle s’arrête en poussant un cri : elle propose alors un autre mouvement et un autre son avec cet objet. Attention à ne pas perdre de vue que c’est toujours l’objet qui dirige l’ensemble. Dans la grammaire de la marionnette, le regard est très important : si le regard existe, tout fonctionne. Le manipulateur doit regarder sa marionnette et accompagner ce regard s’il ne veut pas perdre le fil.

Cet exercice peut être décomposé en plusieurs étapes en fonction du niveau des élèves. Un élève choisit un objet : prendre un objet du quotidien et chercher tout ce que cet objet peut évoquer en le sortant de sa fonctionnalité première. Le faire agir, bouger, l’utiliser comme si on le découvrait pour la première fois.
Puis manipuler cet objet sans réfléchir et ajouter un son, sans réfléchir au son à produire. Puis ajouter un geste, puis amener le mouvement et enfin le déplacement. Pensez au bruit du ressort lorsque le soleil effectue son saut du plongeoir.

Plusieurs moments du texte peuvent être travaillés grâce à l’objet : on peut aborder le lever du soleil avec l’objet. Travaillez sur le mouvement, le déplacement du soleil sur le plongeoir jusqu’au saut final et l’ellipse ainsi dessinée. L’objet raconte l’histoire, la didascalie ; peu importe l’objet et sa manipulation, les élèves doivent commencer par s’amuser à raconter avec un support et saisir/voir ce que cela peut déclencher, spontanément. Toujours penser au regard du manipulateur.

On peut choisir le moment de la métamorphose du matin en oiseau : travailler sur la métaphore et développer ainsi l’imaginaire. Dans le passage de la page 23, repérez les indications utiles pour la manipulation : « Matin arrive. »,
« Quelque chose a changé chez lui on ne sait pas très bien quoi », « le Matin le (chapeau) chausse », « d’une formidable flexion », « se jette dans le vide », « il parcourt le ciel souplement ». Prendre ces indications de l’auteur pour décider des moments de l’histoire à raconter. Penser au mouvement à donner à l’objet, au bruit, au rythme. Décomposer chaque geste, chaque transition. Être clair dans sa proposition.

Les élèves travaillent par deux : le premier sera le sculpteur qui va construire sa statue, le second constitue une « matière malléable ». Par un simple toucher de la main, le sculpteur entre en relation directe avec la statue : il la sculpte dans une posture, donne une expression au visage. Une fois que toutes les statues sont réalisées, les sculpteurs se retirent : on peut alors observer cette galerie de statue. Oiseau, matinée, plongeon de la lune, lever du soleil… Chacun tire un papier et doit imaginer à deux un lieu, un personnage.

Les élèves se placent par deux, l’un fait le marionnettiste, celui qui tire les fils imaginaires, l’autre se laisse manipuler par le marionnettiste. La marionnette est assise en tailleur, la tête reposant sur le haut du buste, comme assoupie. Le manipulateur saisit des fils transparents pour faire agir sa marionnette : il effectue des gestes lents et précis, il prend ses fils en s’approchant près du corps de la marionnette, au niveau des articulations. La marionnette saisit ce signal pour se mettre en mouvement. Le marionnettiste manipule toutes les parties du corps, il peut demander à sa marionnette d’exécuter toutes sortes de mouvements : se lever, s’allonger, s’asseoir, s’accouder, boire un verre…

Une fois cet entraînement réalisé, on peut poursuivre ce travail sur un fragment du texte : les élèves se répartissent en groupe de 4 élèves : deux seront les conteurs, et les deux autres seront le manipulateur et sa marionnette.

- Délimiter l’espace de jeu ; fixer la zone d’intervention des conteurs et celle du marionnettiste. Établir la place du spectateur.

- Les conteurs se répartissent la prise de parole.

- Le marionnettiste installe sa marionnette : attention à l’adresse au public.

- Tout est immobile et c’est la parole du conteur qui déclenche la scène.

Quelques interrogations doivent surgir très vite : si la parole déclenche la scène, provoque l’action du marionnettiste, est-ce toujours le cas ? Peut-on inverser le processus et voir la marionnette en action et entendre la réplique du conteur ?

Prendre également le temps de la réflexion sur ce que la parole provoque dans le corps de la marionnette : comment prend-elle vie ? Comment ressent-elle ? Décomposer des mouvements, dessiner des attitudes, trouver un rythme… les conteurs doivent être attentifs au travail du manipulateur et vice-versa. Tout ce travail s’effectue dans la lenteur.

On pourrait également envisager de réaliser ce travail avec la technique du bunraku et demander aux élèves de choisir parmi ces différentes expressions artistiques.

Construction et manipulation de marionnettes par les élèves

Dans la suite du travail, on envisage de faire fabriquer aux élèves des marionnettes ou des figures de deux types différents et de les lancer dans une expérimentation à partir de fragments du texte.

Construction et animation de figures en théâtre d’ombres.

Trois points sont importants pour réaliser un théâtre d’ombres :
 La lumière, la source de lumière
 La silhouette
 L’écran

La lumière : il s’agit de proposer aux élèves de tester une source de lumière sur différentes matières et de s’amuser à créer des effets. La classe peut être divisée en deux groupes, l’un regarde pendant que l’autre manipule et vice-versa.
Occultez la pièce et créez un écran à partir d’un drap suspendu. Les élèves se placent derrière l’écran et placent les lampes de poche en testant des distances différentes. Si on approche la silhouette de l’écran, elle devient plus précise, elle gagne en contours nets. N’hésitez pas à varier les positions de la lampe : bien droit devant la silhouette, de manière verticale, jouez ainsi avec les différentes perspectives et avec toutes les déformations qui se créent. Ne pas hésiter à utiliser les gélatines de couleur.

Puis placez différentes sources de lumière (lampes de puissances différentes) à la même distance de l’écran afin d’évaluer les faisceaux produits. Si on prend un napperon en guise de support, si on utilise une source de lumière fixe et qu’on fait bouger la matière, la silhouette projetée apparaît comme vivante. Si on réalise l’inverse, la source de lumière est mobile, la matière prend vie.

Les silhouettes-personnages : il s’agit de créer des silhouettes plates de soleil et de lune. À partir de chutes de carton ou de papier de dessin épais, les élèves découpent les formes qu’ils souhaitent et fixent la silhouette ainsi réalisée sur une baguette de bois (brochette). Les élèves peuvent découper l’intérieur de la silhouette (yeux, bouche). Ils peuvent également choisir de réaliser des silhouettes de face ou de profil et aussi créer une silhouette articulée : il leur suffit de relier les différentes parties avec des attaches parisiennes au niveau des articulations et d’ajouter une baguette sur la partie mobile.

Les élèves peuvent expérimenter les différents sauts du soleil et de la lune du plongeoir et s’amuser à raconter ce début d’histoire.

L’écran : le support peut être de nature différente, tout dépend du projet artistique et de l’effet que nous souhaitons produire : ne pas hésiter à tester différentes matières (tissu, plastique, calque, rideau…) avant d’arrêter son choix. L’écran peut être fabriqué grâce à un drap ou à un rideau tendu sur une corde. On peut partir aussi d’un cadre de tableau que l’on pose sur une table : on place une lampe fixe derrière un bout de rideau.

Construction et manipulation de la marionnette en papier

Pour fabriquer ce type de marionnettes, quelques matériaux sont nécessaires : on peut utiliser des bouts de papier de natures différentes (journal, papier sulfurisé, papier cadeau), de la pâte à fixer, du scotch et de la colle, de la ficelle, des marqueurs, des billes (noires de préférence) pour réaliser les yeux et des baguettes.

La réalisation de ce type de marionnettes est très simple, toutes les formes et toutes les dimensions sont permises : on peut se fabriquer une marionnette de petite taille comme une marionnette qui recouvre la totalité du corps du manipulateur ; la marionnette peut être figurative ou non. Les élèves disposent d’une liberté totale (photos des marionnettes d’Ilka Schoenbein ou celles de la compagnie Les anges au plafond avec leur spectacle Une Antigone de papier ; voir en annexes les références). L’essentiel est de respecter l’axe principal de la marionnette : les yeux. Il est aussi important de créer le nez et la bouche dès le début de la conception de la marionnette ; ce sera plus difficile d’ajuster le regard une fois la marionnette créée.

Autre impératif, il faut penser à la manipulation : sachant que les yeux de la marionnette sont en principe au bout des doigts du manipulateur, et que ce regard de la marionnette doit pouvoir se poser sur les autres facilement : il est important d’y penser durant la réalisation de l’objet à manipuler.