Il est intéressant de noter que le texte de Stéphane Jaubertie est né d’une commande d’écriture du metteur en scène Olivier Letellier sur la thématique de la honte.
Pour présenter cette démarche aux enfants, l’enseignant pourra lire l’entretien avec Olivier Letellier situé à la fin de la pièce Un chien dans la tête dans sa première édition, pp. 77-79.
La compagnie du Théâtre du Phare qui porte le projet artistique du metteur en scène Olivier Letellier a présenté la création Un chien dans la tête en 2013.
Voici la note d’intention du metteur en scène. Elle expose clairement son approche de la mise en scène du texte et s’inscrit il me semble, dans une continuité avec les différents espaces développés tout au long du carnet.
« L’écriture de Stéphane Jaubertie évite sans cesse le réalisme, elle reste concentrée sur une vision intime et poétique du monde qui rejoint ma propre vision du plateau : un espace symbolique.
Devenu jeune homme, le Fils retrouve le jardin imaginaire de son enfance et les deux amis hauts en couleur qu’il s’y était découverts : Celle qui Reste et le Fils de la Baleine. Poussé et secondé par ces derniers, il va nous livrer son histoire, ses émotions d’enfant, partager avec nous ses hontes pour mieux les dépasser. Ensemble, dans ce jardin, ils vont rejouer les personnages et recréer les lieux clés de son enfance : la maison familiale, lieu des secrets, où La Mère cache et (s’)enferme ; et la rue, la place publique, l’endroit de l’exposition aux regards des Autres.
Venir nous dire son histoire aujourd’hui, dans son jardin imaginaire, est une étape essentielle dans le chemin de vie du Fils, dans sa construction d’homme adulte. Un Chien dans la tête parle avant tout de la nécessité de l’imagination et du rêve, lieux de tous les possibles, qui nous permettent d’appréhender autrement notre réalité – pour finalement réussir à l’affronter.
Le Fils et ses deux amis sont incarnés par trois comédiens, au visage découvert et sans artifices. Parce que Celle qui Reste et le Fils de la Baleine sortent tout droit de l’imagination du Fils, il les convoque tels qu’il les a créés : en chair et en os, bavards et tendres, gardiens d’un monde intérieur léger, coloré et salvateur.
La Mère, absente à force de vouloir se cacher et dissimuler, est figurée par une immense perruque rousse. Celle qui Reste lui prête sa voix lorsque le récit du Fils fait appel aux situations du passé : elle apparaît en contre-jour, tantôt lointaine et tantôt gigantesque, enveloppante. Je vois l’immensité de la chevelure comme une évocation du temps qui passe pour la Mère, celui de son enfermement dans une prison de mensonges.
Deux petites marionnettes en mousse, extrêmement mobiles et toniques, permettent à Celle qui Reste et au Fils de la Baleine de faire surgir les personnages de L’Un et L’Autre – ceux qui regardent, fouinent et humilient. Un duo infernal et comique : L’Un, sadique et manipulateur, le cerveau du duo, toujours suivi de L’Autre, un gros benet chez lequel la bêtise l’emporte souvent sur la méchanceté.
Un tapis argenté recouvre le plateau, comme un jeu de miroir.
L’univers sonore occupe une place prépondérante : il permet d’identifier les différents espaces du récit en modifiant les espaces vocaux, de marquer aussi l’omniprésence invisible mais menaçante du père et de sa folie suppose, d’apporter de la légèreté ou de renforcer les ambiances...
Comme toujours dans mon travail, l’appel à l’imagination constitue le pivot central de cette relation que j’aime tant créer avec le spectateur, un rapport de connivence mais aussi de liberté, dans lequel chacun peut rêver et cheminer à sa manière. »
L’enseignant pourra trouver sur le site du CRDP de l’académie de Paris un dossier complet Pièce (Dé)montée rédigé par Jocelyne Cola et édité par le CRDP de l’académie de Nantes. Ce document peut être une ressource pour découvrir l’univers de la mise en scène.
