éditions Théâtrales Jeunesse

Ravie

de Sandrine Roche

Carnet artistique et pédagogique

1. Une histoire

En préambule, il sera bien sûr intéressant de proposer à la lecture la nouvelle originale d’Alphonse Daudet, extraite des Lettres de mon moulin, parue en 1869. Si l’histoire est la même, de nombreux éléments divergent. La trame principale est suivie puisque toutes les chèvres de Monsieur Seguin sont mortes, tuées par le loup. Le brave homme décide alors de protéger Blanquette, la petite dernière, mais rien n’y fait, l’appel de la montagne est le plus fort et Blanquette, à son tour, périt. Mais alors, qu’est-ce qui change ?

2. Les dissemblances

Vous pourrez inviter les élèves à se pencher précisément sur toutes les différences.

Qu’évoque le titre ?

Sandrine Roche n’a pas gardé le titre de la fable qu’elle a adaptée. « Ravie » évoque deux choses. D’un côté le bonheur incommensurable qu’éprouve Blanquette en recouvrant la liberté et en découvrant la montagne, de l’autre le rapt, car la montagne lui ravit sa vie.

La morale

À l’époque, les fables et autres contes avaient une visée didactique. La présence du personnage de Gringoire (totalement disparu dans la version de Sandrine Roche) montre bien à quel point l’intention principale était d’informer les gens (et pas uniquement les enfants) des dangers de la liberté. L’histoire en soi n’avait que peu d’importance, la morale finale étant primordiale.
Sandrine Roche a revisité la fin de la fable d’Alphonse Daudet : Blanquette meurt bien au petit jour, tout du moins on peut l’imaginer, mais il s’agit davantage d’un passage symbolique que d’une mort conventionnelle.
Ainsi on pourra s’interroger avec les élèves sur cette fin ouverte, et notamment à propos de cette interrogation, p. 60 :

« On ne peut pas rester toute sa vie à avoir peur ? »

Des débats autour de la notion de liberté pourront en découler :

  • Qu’est-ce que la liberté ?
  • Les autres nous empêchent-ils d’être libre ?
  • Peut-on faire tout ce qu’on veut ?
  • A-t-on tous le droit d’être libre ?
  • Doit-on prendre des risques pour être libre ?

Vous pourrez aussi chercher avec les élèves d’autres contes d’avertissement, comme Le Petit Chaperon rouge ou Le Loup et les Sept Chevreaux et en révéler la morale.

Apparition et disparition de personnages

Les chèvres ont une place centrale. Dans le conte original, les chèvres décédées ne sont qu’évoquées :

« M. Seguin n’avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres. Il les perdait toutes de la même façon : un beau matin, elles cassaient leur corde, s’en allaient dans la montagne, et là-haut le loup les mangeait. Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C’était, paraît-il, des chèvres indépendantes, voulant à tout prix le grand air et la liberté. »

Plus tard, l’auteur nous apprendra qu’elles ont été six à mourir sous les griffes du loup. Sandrine Roche a bien conservé le nombre de six chèvres, mais elle a choisi de les représenter sous forme de chœur venant habiter l’inconscient de Blanquette.

Par ailleurs, Gringoire a donc disparu. Ce personnage était celui à qui Daudet racontait son histoire. Dans un cadre narratif et avec une morale au centre du récit, sa présence était évidente. Sandrine Roche n’avait donc aucune raison de le garder. Cela dit, il est possible d’essayer d’imaginer avec les élèves la place qu’il aurait pu prendre. Un spectateur ? Un narrateur subjectif ?