Lorsque l’on se penche sur l’ensemble du théâtre de Dominique Richard, on peut avoir la claire sensation que tous ses personnages se dédoublent, se superposent, au sein d’eux-mêmes comme entre eux. Une de ses pièces, Les Ombres de Rémi, le dit explicitement dans son titre.
Dans Le Journal de Grosse Patate, on l’a vu, l’Homme en noir est un peu le double de Grosse Patate, sa voix intérieure, son ombre. De même, l’Homme en noir se dédouble pour devenir son père… Rémi et Hubert sont deux faces apparemment inversées du masculin, GP et Rosemarie pour le féminin. Comme dans le mythe platonicien, le féminin se double du masculin, et le contraire : Rémi a une ombre de fille, et ce n’est pas qu’une question d’homosexualité comme on pourrait le croire de façon réductrice.
Tout naturellement on pense donc à un travail de plateau sous forme de théâtre d’ombres. L’expérience sera particulièrement formatrice pour des jeunes de primaire.
Pour plus de précisions sur le cadre pédagogique du théâtre d’ombres, se reporter à l’ouvrage suivant : L’ombre corporelle : théâtre d’ombres à l’école maternelle, Bordeaux, CRDP Aquitaine, 1991. On pourra aussi consulter certains sites dont celui du CRDP de Strasbourg.
Pour le travail d’arts plastiques associé au théâtre d’ombres, on pourra consulter l’ouvrage suivant : L’Ombre en peinture : la part obscure de l’illusion, Paris, CNDP, 1998.
Ce travail sera proposé à partir des scènes de la pièce, choisies comme indiqué plus haut par leur impact sur l’imaginaire des enfants, et se fera en plusieurs groupes mais en entrecoupant régulièrement le travail avec des moment de retour en classe entière car il faut du public : l’effectif de la classe alors n’est pas un obstacle mais une nécessité.
Travail préparatoire
Il faudra pouvoir disposer d’un drap, d’une source de lumière portative (projecteur de diapositive par exemple) et l’on fera précéder ce travail d’une expérimentation du principe du théâtre d’ombre et de ses techniques de base :
- se rapprocher de la source lumineuse = grandir, pour le public, s’en éloigner = rapetisser ;
- ce que l’on fait à droite, le public le voit à gauche : cf exercice du miroir d’Augusto Boal ;
- travailler de face // de profil : la silhouette comme mode de reconnaissance du personnage ;
- le geste théâtralisé, la posture théâtralisée.
**Objectifs :
- enrichir le travail d’imaginaire autour des personnages, des thématiques et enjeux de la pièce ;
- développer l’image de soi, des autres ;
- travailler sur le corps, sans parole ou avec peu de parole ;
- construire une sorte d’album théâtre de la pièce.
**Consignes données aux élèves :
- Vous choisissez dans la pièce une des scènes que vous préférez.
- En groupes, sur les différentes scènes retenues, vous allez proposer un ou deux tableaux en ombres.
- Vous les présenterez aux autres qui devront deviner de quelle scène il s’agit puis qui vous feront des suggestions d’amélioration si nécessaire.
- Vous retravaillerez en groupes puis proposerez à nouveau vos tableaux des scènes, dans l’ordre de la pièce.
- Vous pourrez présenter ce montage de la pièce à une autre classe, en association avec la mise en voix des scènes et/ou vous en ferez un montage photos.
- Ces photos seront mises en illustration des extraits du texte pour fabriquer un album-théâtre.
**Exemple : Fragment 2 RÊVE
- On travaillera sur le grand et le petit pour représenter GP en plus petit et l’Homme en noir en plus grand.
- GP est couchée : comment la représenter allongée alors qu’on la verra pas ?
→ étendue sur une table avec un drap ou debout avec un bonnet de nuit comme dans Au clair de la lune. On pourrait aussi imaginer que GP soit à vue, devant le drap et seul l’Homme en noir serait une ombre. - Équilibre du plateau : ne pas mettre les deux personnages trop près l’un de l’autre, ouvrir le jeu. Cela permet de travailler sur les rapprochements et éloignements possibles.
- Si on travaille avec le texte, on pourra jouer sur le régime d’amaigrissement : à chaque nouveau mot indiquant le contenu de son régime, GP rapetisse.