éditions Théâtrales Jeunesse

Babïl

de Sarah Carré

Carnet artistique et pédagogique

En prélude à la lecture du texte, on peut lire la quatrième de couverture (pour les élèves de collège), ou, pour simplifier l’exercice, lire un extrait, en page 5, du début du Dossier de présentation de la compagnie L’Embellie, disponible dans la partie Environnement artistique (pour les plus jeunes du cycle 3) :
« Tohu et Bohu sont venus nous raconter une histoire qu’ils ont inventée. Celle des habitants du pays du Lointain qui, pour rompre leur solitude, décident de construire une tour commune, une tour fabuleuse, la tour de Belba. Mais pour bâtir à plusieurs, comme pour raconter à deux, il faut être capable de s’écouter… Trouver sa place entre ceux qui parlent fort, qu’on remarque et ceux qui, petites voix, bredouillent et qu’on n’entend pas.
Tohu et Bohu, comme les « Belbaloniens », doivent apprendre à se répartir la parole. À cette condition seulement, ils pourront construire leur récit, et cimenter leur amitié après un silence partagé. »

Après avoir échangé sur la compréhension de ce petit texte de présentation, on peut faire porter l’attention sur le nom des deux personnages, et donner le sens du mot tohu-bohu (dans la Bible, cela renvoie au chaos, à la solitude et au désert, à l’état du monde lors de sa formation par Dieu. Dans le langage courant, cela renvoie à la confusion et au désordre.)
Puis l’on peut se poser quelques questions : selon vous, pourquoi l’autrice a-t-elle choisi de donner ces noms à ses personnages ?
Engager les jeunes à travailler sur la notion de personnification à travers les deux personnages incarnant le mot « tohu-bohu ».
Les noms des personnages indiquent-ils une allégorie du désordre, de la difficulté à s’écouter, à se répartir la parole ?
C’est un premier pas pour aborder la notion de personnage mais également celle d’auteur·rice qui permettront d’explorer le champ littéraire et ses ramifications.
On peut ensuite lire la présentation des personnages en page 6. Cette description, après avoir réfléchi sur la façon dont ils ont été nommés, permet d’ouvrir un imaginaire chez les élèves avant même d’attaquer la lecture des dialogues.

De même, on peut prêter attention au titre. Donner le sens du mot « babil » en français (« bavardage continuel, enfantin ou futile » selon le dictionnaire Larousse), relever que la sonorité de « babil » est proche de celle de « Belba », elle-même proche de « Babel ». On peut alors ouvrir sur l’explication succincte du mythe de Babel et de l’expression française « une tour de Babel » (« Un endroit où règnent le bruit, la confusion où les gens ne se comprennent pas. Ou bien un lieu multiculturel où de nombreuses langues sont parlées. »)

Pour tous les niveaux, après la lecture de la quatrième de couverture ou de l’extrait cité précédemment du dossier pédagogique, en amont donc de la lecture du texte : faire un relevé hypothétique des thématiques.
Chaque élève, ou chaque groupe d’élèves devra proposer un thème que semble aborder ce texte selon lui. Le relevé des différentes thématiques citées, notées au tableau par exemple, permet d’engranger de premières hypothèses de lecture. L’intérêt de cette liste réside également dans l’élargissement du vocabulaire mais surtout de la nuance : si un mot thématique est le même dans différents groupes, chercher un synonyme. On peut garder cette liste et l’amender à la suite de la lecture pour faire mesurer aux enfants les écarts avant/après lecture et relever les nuances que l’on peut apporter, entre dispute et conflit, entre la parole autoritaire et le débat par exemple…

En feuilletant rapidement le texte, faire un relevé d’indices :
• La présence de deux personnages, la forme dialoguée nous indiquent que ce texte relève de l’écriture dramatique. Cependant, ni actes ni scènes ici : comment les scènes sont-elles donc séparées ?
• Analyser ces courtes phrases tenant lieu de séparation entre les différentes scènes, leur construction en forme d’expression poétique, leur rapport au temps, leur évolution jusqu’à la dernière qui propose une résolution…
• On peut relever également dans les deux dernières séquences les noms des personnages « Une petite voix de Tohu », « Une autre petite voix de Tohu » ainsi que les noms accolés à l’aide d’un trait d’union à Tohu et Bohu, et faire des hypothèses sur ces « autres » personnages.

Au collège, on pourra revenir, après la lecture intégrale du texte, à cette référence « inversée » au mythe de Babel et à la notion de mythe revisité.
La fabrique d’écriture de l’autrice Sarah Carré « C’est celui qui dit, qui est » page 59 donne des explications intéressantes quant à la genèse de l’écriture de ce texte, notamment sur le fait qu’il « raconte, à l’inverse du mythe de Babel, le chemin à parcourir depuis la dispersion jusqu’à la construction commune, depuis l’écoute de soi jusqu’à l’écoute de l’autre ». Pour s’intéresser à l’écriture, on peut faire remarquer également l’utilisation du verlan entre Babel et Belba pour symboliser ce renversement du mythe.