éditions Théâtrales Jeunesse

Alice pour le moment

de Sylvain Levey

Carnet artistique et pédagogique

Modulation du plateau en différentes zones de jeu (split screen (multi-image)

On organisera le plateau en plusieurs lieux, espaces. Cela permettra de voir ou revoir avec les élèves les différents dispositifs existants : le théâtre à l‘italienne, le théâtre élisabéthain, le théâtre de rue…

On fera prendre conscience aux élèves que cette approche va dans le sens d’un théâtre total. Il faudra donc que, malgré la superposition d’éléments (visuels, sonores, etc.), le texte demeure audible.

On abordera ainsi aussi la question d’espace scénique : éléments en avant-scène/éléments en arrière-scène/éléments en coulisses/éléments hors plateau, disposition des spectateurs, etc.

On peut ainsi guider les élèves en leur posant quelques questions ou en proposant quelques idées.

Voici deux exemples :

Pour la partie 1 :

  • Où placer Alice narratrice ? au centre ? sur un côté ? en hauteur ?
  • Les personnages des garçons, le personnage d’Alice enfant, le personnage de Florence et le personnage de la mère : se meuvent autour ? derrière ? devant le personnage d’Alice narratrice ? Peut-on faire une sorte de chorégraphie ?
  • Comment repère-t-on le personnage d’Alice enfant : même costume ? même lumière ? lien (corde, ruban) même gestuelle, décalée ?
  • Projection d’images de maison délabrée ?
  • Bruit : de ville ? de vent ?
  • Musique et chanson à consonance espagnole ?

Pour la partie 8 :

Deux Alice qui parlent en même temps pour le « je suis née » et qui se dédoublent ensuite

  • Les enfants qui entrent en scène par le fond ? les côtés ? Sont-ce les mêmes acteurs que Florence et Gabin de l’adolescence d’Alice ?
  • Bruit de guerre.
  • Un homme qui marche en fond de scène et qui tombe
  • Cri de bébé et cri d’hommes qui meurent/qu’on torture : provenant des coulisses
  • Images de 1973 projetées ?
  • Images des Tours jumelles qui s’effondrent ?
  • Chansons sud-américaines ? Déclamation d’un poème de Neruda ?

Le rapport au public : La voix intérieure des souvenirs/la parole libérée

Les différents espaces - temporalités et géographies - communiquent-ils ensemble ? Communiquent-ils avec les spectateurs ?

On verra avec les élèves la notion de Quatrième mur.

On demandera ainsi aux élèves de réfléchir à la façon dont la parole va circuler d’un pôle du plateau à l’autre, et avec le public.

Pour la partie 1 :

  • Est-ce que le personnage de Alice narratrice peut intervenir et interagir avec le personnage de la mère, celui du père, et tous ceux du passé (les 3 garçons, Florence) ? Si oui comment ?
  • Est-ce que par exemple, lorsque le père s’insère dans la narration il y a échange de regard entre Alice adulte et le père de son enfance ? « LE PÈRE - moi j’aime le jaune des coquelicots » (p. 9)
  • De même à qui s’adresse Alice narratrice quand elle fait ces incises narratives : « Aurait pu dire mon père » (p. 9), « elle faisait des signes, bras en l’air, […] » (p. 10). S’adresse-t-elle au public en créant ainsi une connivence avec lui et en prenant la position d’une commentatrice ; ou au contraire s’adresse-t-elle directement aux personnages de son passé ; abolissant alors la distance temporelle.

On amènera ainsi les élèves à réfléchir à ces dispositifs en leur faisant prendre conscience que les choix pris modifient le récit ou du moins en accentue les aspects.

Si le principe du 4ème mur est maintenu (entre plateau/public et/ou même entre zones de plateaux sans interactions entre elles), le spectateur assiste à un récit dont il reconstruira les fils. En revanche, s’il assiste à un jeu entre le passé et le présent, il peut avoir l’illusion de rentrer dans la psyché du personnage d’Alice et de se mouvoir dans ses souvenirs. Le va-et-vient entre-temps de l’écriture et temps du souvenir propre à l’écriture du moi est alors pulvérisé pour une simultanéité ou du moins l’illusion d’une simultanéité et de collusions des temporalités.