Revenir aux questions de théâtralité aujourd’hui est une gageure. Alors que le monde autour de nous porte l’empreinte d’une théâtralisation permanente dont les effets sont de plus en plus spectaculaires, la notion semble évacuée des discours au profit de celle de performativité, sous l’effet des performance studies devenues la référence ultime.

Les concepts utilisés dans ce numéro sont loin d’être neutres. Outre le fait qu’ils permettent de mieux saisir et ordonner le monde en y inscrivant des axes qui permettent des développements futurs, ils sont également le reflet de nos idéologies présentes, des discours dominants et des actes de résistance qui les accompagnent.

Puisse cette ouverture des études théâtrales françaises aux questions de performance et de transdisciplinarité dans les arts permettre aux recherches de déborder le périmètre franco-français, dans lequel elles sont cantonnées.

Il ne s’agit pas ici du désir de rééquilibrer des champs disciplinaires qui affectent des continents linguistiques et géographiques plus encore que des pays et des pratiques universitaires, mais d’interroger les concepts à la base de cette mutation.

Sommaire :

Avant-propos par Josette Féral
Les paradoxes de la théâtralité par Josette Féral
La politique du discours : performativité et théâtralité par Janelle Reinelt
Performativité et théâtralité aux États-Unis par Virginie Magnat
Résistance à la théâtralité par Marvin Carlson
Voix de l'auteur, voix de l'acteur par Michel Bernard
Les corps de l'audible : théâtralité de la voix sur scène par Helga Finter
L'idylle chahutée de l'espace et de la théâtralité par Luc Boucris
Des théâtres de papier : quelques remarques sur l'écriture théâtrale contemporaine par Didier Plassard
Présence, performativité et dimensions sonores de la théâtralité par Renée Bourassa
Performativité et technologies au théâtre : procédés précurseurs par Louise Poissant
Miscellanées : Puissance du faux et puissance de répétition. L'événement abyssal dans le Rashomon de Kurosawa
Mémento